Sermaise : Gerber, l’art d’oublier... Jusqu’à ce que ça se voit !
- Collectif ORBIA
- 7 mai
- 2 min de lecture

Pollution connue, parole rare, action tardive
À Sermaise, le site Gerber n’est pas exactement un secret. Mais il s’agit d’un de ces secrets dont on parle à voix basse, entre deux silences polis. Pendant longtemps, l'affaire a été traitée avec un remarquable talent local pour l’évitement — une sorte de sport municipal consistant à ne pas trop regarder là où ça dérange.
C’est finalement sous la pression insistante du collectif ORBIA que l’État a été contraint d’ouvrir les yeux et les archives. En décembre 2022, lors d’une commission de suivi, le sous-préfet d’Étampes, Stéphane Sinagoga, a annoncé le lancement d’une grande étude environnementale. Une étude pilotée par l’ADEME, en partenariat avec le cabinet EACM, spécialiste des diagnostics écologiques. La restitution est attendue fin 2025 — ce qui, à l’échelle des délais administratifs, relève presque de la précipitation.
Des questions qui tombent sous le sens ... depuis 20 ans
Ce travail a pour but de faire la lumière sur ce que tout le monde soupçonne, sans trop vouloir le confirmer : y a-t-il des polluants encore actifs ? Les stockages provisoires sont-ils sûrs ? Les risques de crue aggravent ils la situation ? Les études sanitaires de 2005 ont-elles encore une valeur ? Et si on regardait enfin du côté des polluants oubliés par les anciennes analyses ?
Les associations, les riverains, et même quelques élus (les plus téméraires) ont été consultés en mars 2025. Un cahier des charges a été rédigé. L’indépendance de l’étude a été exigée. C’est dire si la confiance ne va pas de soi.
Renaturer pour mieux respirer
Mais derrière les fiches techniques et les diagnostics, une idée fait doucement son chemin : celle de renaturer le site. Pas simplement pour gommer les erreurs du passé, mais pour penser autrement l’avenir du territoire. Un espace dépollué, réintégré à la trame bleue, pourrait devenir un atout pour la commune — tant pour l’environnement que pour le cadre de vie.
Car si certains redoutent que l’étiquette "site pollué" pèse sur la réputation du village, ils oublient parfois qu’un territoire qui assume ses failles pour les réparer peut aussi regagner en attractivité. Il paraît même qu’un environnement sain peut avoir des conséquences intéressantes sur la valorisation patrimoniale. Mais chut, il ne faudrait pas effrayer les marchés.
Un passé discret, un avenir à écrire
À l’issue de l’étude, le collectif ORBIA appelle à une vraie concertation : citoyens, élus, État ... tous autour de la table. Non pas pour refaire le passé, mais pour imaginer un projet d’ensemble. L’occasion, peut-être, de sortir du réflexe du parapluie, devenu depuis des années une spécialité locale. Et de montrer que, parfois, tourner la page, c’est aussi avoir le courage de la lire.
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